Un long combat pour juguler l’inflation
Le trimestre a débuté sur une note positive, les statistiques d’inflation affichaient des signes de faiblesses et de ralentissement laissant espérer aux investisseurs une certaine accalmie au niveau de la politique monétaire des banques centrales devenue particulièrement restrictive depuis le début de l’année. Ce sentiment a permis de redonner du souffle aux marchés actions et obligataires qui souffrent depuis le début de l’année
Malheureusement, cette première lecture des chiffres de l’inflation n’aura pas perduré. Au cours de la période estivale, de nouvelles publications économiques ont eu lieu laissant entrevoir un chemin beaucoup plus long pour juguler l’inflation qui oscille entre 6 et 10% pour les pays développés.
Les banquiers centraux réunis en symposium à Jackson Hole durant le mois d’août ont donc dû réaffirmer leurs positions face à l’inflation, c’est-à-dire une hausse des taux graduelle et ce jusqu’à ce que l’inflation plie. Pour rappel, le rôle des banques centrales, que ce soit la BCE (Banque Centrale Européenne) ou la FED (Federal Reserve aux Etats Unis), n’est pas de protéger l’économie, mais d’assurer la stabilité des prix et ce avec un objectif d’inflation de 2%. Cette dernière décennie nous aura surement fait oublier ce rôle car les banques centrales sont régulièrement intervenues pour soutenir les marchés, mais cela a été rendu possible car l’inflation est toujours restée très faible, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Les banquiers centraux (FED et BCE) s’accordent désormais sur le fait que l’inflation se maintiendra pour une durée indéterminée et qu’il faut tout faire pour la combattre.
Ce discours a de quoi déstabiliser les investisseurs car il indique que la hausse des taux directeurs va se poursuivre et qu’il est désormais nécessaire de réévaluer le prix de l’ensemble des actifs avec des conditions de marchés bien plus contraignantes. Enfin, plus la politique monétaire sera restrictive longtemps, plus les dommages causés à l’économie le seront également. C’est ainsi que le marché doit aujourd’hui ajuster ses niveaux avec ces nouveaux paramètres.
Les devises sous pression
Le Dollar Index qui modélise la valeur du dollar américain par rapport à six autres devises, à savoir l’euro, le yen japonais, la livre sterling, le dollar canadien, le franc suisse et la couronne suédoise, est en progression de +17,2% depuis le 1er janvier.
Historiquement, une telle progression du dollar américain a pu être suivi de perturbation accrue sur les marchés financiers car le dollar représente une devise refuge lors de turbulences.
Concernant l’euro, Christine Lagarde à la tête de la BCE a tenté d’enrayer la dynamique baissière sur notre devise en augmentant de 0,75% les taux directeurs début septembre. Cette hausse de taux a été accompagnée là encore d’un discours particulièrement hawkish (politique monétaire restrictive). C’était un signal important à envoyer aux marchés financiers car un euro faible est inflationniste. En effet, cela revient à renchérir le coût de l’énergie massivement importée en Europe.
Suite à cette annonce, l’euro a connu plusieurs séances positives et a même réussi à se hisser au dessus de la parité, mais c’était sans compter l’actualité géopolitique qui a enrayé cette dynamique avec la mobilisation partielle de civils russes le 21 septembre appelés à se battre en Ukraine.
Cette nouvelle a chassé l’euro bien en dessous de la parité, car cette mobilisation signifie un conflit qui ne présente plus aucune chance de résolution à court terme, alors même que les ukrainiens ont réussi à reconquérir des territoires aux mains des russes.
Restez liquide dans un marché qui ne l’est plus
On confirme notre opinion du trimestre précédent, bien que l’impact sur l’économie réelle reste difficilement prévisible, nous considérons que les marchés financiers ont déjà anticipé une grande partie des mauvaises nouvelles à venir sur le pan économique. A ce stade, l’évolution du conflit entre la Russie et l’Ukraine est difficile à arbitrer. Poutine se contentera-t-il d’annexer les régions séparatistes avant de négocier une trêve ? Quelle sera la réaction ukrainienne face à cela ?
Nous privilégions de ce fait et ce depuis le début de l’année, le fonds en euros et les dépôts de cash ainsi que les investissements effectués en dollar américain. Bien que l’inflation grignote le rendement de ces placements, il nous parait essentiel de nous prémunir contre tout risque de baisse supplémentaire des marchés financiers dont la volatilité a particulièrement augmenté ces dernières semaines
Nous constatons néanmoins une détente importante des niveaux de valorisations du fait de perspectives économiques dégradées. Nous sommes certainement proches d’une opportunité d’investissement sur les classes d’actifs actions et obligations.
Rédigé par Florian CHRISTMANN
Le 30/09/2022